Metal Gear 2: Solid Snake
Le Demake de Metal Gear Solid 1
Genre : Infiltration / Année de sortie : 1990
Publié il y a 9 jours
Il y a quand même des foutues injustices dans le monde du jeu vidéo, ou devrais-je dire plutôt des choix particuliers dans le marketing et les stratégies de vente. Voyez cette suite de Metal Gear : le premier jeu a très bien fonctionné, et malgré un portage NES éclaté au sol, le jeu avait eu un vrai petit impact à l’international grâce à de nouvelles mécaniques d’infiltration jamais vues ailleurs, malgré sa version de base sur MSX, cantonnée au Japon. Alors on fait une suite à ce jeu, qui est incroyable, qui apporte encore son lot d’innovations, et… bah on la sort qu’au Japon, sur une console peu populaire. Mais bordel, pourquoi ?!
Un jeu révolutionnaire, du moins pour les rares qui l’ont connu à l’époque
Toujours est-il qu’aujourd’hui, justice a été rendue. Que ce soit à l’époque de MGS3, qui contenait un portage des deux premiers jeux de la saga, ou encore plus récemment avec la collection, le tout dans une excellente version française, on a pu enfin découvrir ce jeu monstrueux. Oui, car pour l’avoir fini (deux fois), une fois de plus, comme avec le premier, je suis sur le cul. Tant d’améliorations de gameplay, et surtout, toutes les fondations de MGS premier du nom sont là. C’est vraiment étonnant de se rendre compte que le premier jeu 3D de la saga était en partie un énorme remake de ce MG2.
Le radar et le système d’alarme ? C’était déjà là. Le combat à mains nues contre Gray Fox (aka le ninja) ? Check. L’embuscade de l’ascenseur ? Check. Trouver une alliée dans les toilettes pour femmes ? Bah check, qu’est-ce que tu crois ? Une tour avec plein d’escaliers, un Hind-D à détruire en plein vol, les longues discussions en codec, le système de mines, la scène cachée après le générique ? Check, check, et CHECK la putain de sa race. Tout vient d’ici, et pourtant, oui, ce jeu est bien sorti en 1990.
Comme dit plus haut, le plus impressionnant, c’est dans les mécaniques d’infiltration, qui ont fait un grand bond en avant et qui solidifient grandement les fondations de la saga, pour en devenir la base de tout le reste de la série. C’est bon, on a enfin le système d’alerte, avec la période d’évasion, bien plus efficace que les deux types de gardes du premier jeu. Le nouveau système de radar apporte beaucoup aussi pour moderniser le bousin. On voit désormais tous les ennemis sur les huit écrans autour de nous, qui évoluent désormais en dehors du nôtre. Ça change toute notre façon de jouer, et si au début il faut s’y faire — tant j’ai pu faire l’erreur de me jeter en plein devant un garde lors d’une transition d’écran parce que je ne regardais pas encore assez le radar (les anciennes habitudes avec le premier opus restent tenaces) — j’ai pu constater à quel point c’est tellement plus fun comme ça.
Seul petit défaut à ce système : il y a de rares moments où un garde peut patrouiller devant une sortie de bâtiment, et comme les radars ne détectent pas ce qui se passe en dehors des salles, ça peut parfois un peu coincer. Si pas de chance, on peut tomber nez à nez devant le garde qui passe devant la porte en sortant, sans aucun moyen de le deviner. Bref, un peu pénible, mais ça va, c’est rare. Puis même pour obtenir le rang Big Boss, on a une marge sur les alertes. Limite, les développeurs ont prévu le truc pour que cela ne soit pas vraiment pénalisant au final.
Bon après, malgré toutes ces évolutions fort bienvenues, l’IA reste toujours très basique et simple à exploiter. On est encore dans un très vieux jeu malgré tout. Ici, une des nouveautés — le fait de pouvoir taper contre un mur pour leurrer un garde (et oui, c’était déjà là !) — est surpuissante, rendant tous les gardes à l’écran un peu teubés, regardant toutes les directions très lentement dans le sens des aiguilles d’une montre, ce qui facilite grandement nos infiltrations une fois qu’on s’en rend compte. Mais franchement, à part ça, les nouveautés impressionnent une fois de plus. On peut maintenant se cacher sous des éléments du décor, il y a des grilles qui font du bruit quand on marche dessus, et le level design en général fait que les situations restent constamment fraîches. Petit point quand même qui a été amélioré — et dieu sait que c’était nécessaire — : les gardes voient enfin en cône devant eux, et pas juste ce qui leur fait précisément face. Cela rend donc le jeu plus difficile, mais faut bien avouer que c’était ridicule dans le premier, et ça donnait parfois certaines séquences vraiment stupides !
Et en parlant de ça, j’en viens à un des points que j’ai trouvés les plus remarquables ici : le jeu arrive constamment à se renouveler, c’est assez dingue. On avait un peu déjà ce côté dans le premier jeu, avec un aspect un peu jeu d’aventure, via différentes énigmes utilisant des objets. Là, ça va encore plus loin, et on a de véritables énigmes vraiment bien foutues, apportant sans cesse leur lot de nouveautés, faisant de cette suite bien plus qu’un simple jeu d’infiltration. Je pourrais par exemple citer ce passage où, via un indice donné par un boss vaincu, on prendra en filature un soldat au béret vert dans une jungle afin de découvrir la cachette où est retenu un prisonnier. Un autre personnage nous parlera en code, en tapant contre un mur, qu’on devra déchiffrer via une table de code fournie dans le manuel, ce qui nous donnera une fréquence pour le codec.
Ça va même jusqu’à utiliser nos différents types de rations, pour par exemple attirer un pigeon voyageur contenant un message qu’il faudra là aussi décoder, mais d’une autre manière. C’est tout le long du jeu comme ça, et franchement, j’ai trouvé ça brillant. Surtout le coup du message à décoder avec le manuel : comment ne pas penser à cette énigme de MGS1 où il faut regarder sur la boîte du jeu pour y trouver la fréquence de Meryl ! En bref, c’est trop bien, et ce feeling à la point and click fait vraiment des merveilles. Bon, par contre, le marais à la con, ça, hein, ce n’était pas forcément nécessaire.
Oh mince alors, lui aussi c’est un traître ? Ça alors !
Autre source d’étonnement pour moi : le scénario et les dialogues. Loin de l’époque du premier opus, où les appels servaient surtout à contacter des personnages de fonction pour obtenir des indices et rien de plus (le spécialiste des boss, des salles, etc.), maintenant, chacun des personnages a une véritable personnalité. Le côté cinématique en moins, on a déjà un feeling très proche des jeux 3D de la série. Le Codec n’est donc plus un simple outil permettant d’obtenir des indices, mais un véritable élément de gameplay, parfois au cœur de certaines séquences, comme mentionné plus haut avec les énigmes.
J’ai beaucoup aimé le personnage de la Russe infiltrée, par exemple, avec qui on aura un contact « façon Meryl », qui profite d’une narration assez poussée pour un jeu de cette époque. Même le scénario s’approfondit, avec une narration bien moins manichéenne qu’on pourrait le penser au premier abord. J’ai bien aimé certains thèmes abordés, comme les orphelins d’Outer Heaven, recueillis ici par Big Boss, pourtant le méchant principal du jeu, les sauvant d’une mort certaine après la destruction de l’ancienne base par l’OTAN, qui voulait en finir au plus vite. Même chose avec Gray Fox, qui sera, malgré son amitié profonde avec Snake, un adversaire majeur de cet opus. Ce sont juste deux mercenaires qui travaillent dans des camps opposés, faisant leur job, même si cela implique de s’entretuer. Des thématiques étonnantes donc, pour un jeu d’une époque où il n’était tout simplement pas courant d’avoir un niveau de narration aussi poussé.
En ce qui concerne la difficulté, à part durant le temps d’adaptation au nouveau gameplay, j’ai trouvé le jeu relativement simple, mais bien équilibré. Les combats de boss sont bien réussis dans l’ensemble et bien plus variés qu’avant. Souvent, il faudra trouver une bonne stratégie pour les vaincre, comme ce boss débile mais culte, Running Man (oui), qui… bah, court. Même dans sa description, le gars est genre un coureur olympique qui, on ne sait pourquoi, est devenu diabolique en rejoignant les terroristes, et son seul truc… bah, c’est de courir durant tout le combat pour pas qu’on l’attrape. J’ai d’ailleurs lu quelque part que c’était l’un des boss préférés de Kojima, et franchement, je comprends pourquoi : c’est tellement absurde et con que je le trouve génial moi aussi.
Forcément, ce n’est pas très « finaud » dans l’écriture, mais on décèle ici l’envie de Kojima de donner de la personnalité aux boss qu’on affronte, comme avec ce Running Man (bordel). Cela évoluera encore plus dans les jeux 3D (huuuuum, les monologues interminables de Psycho Mantis ou Sniper Wolf qui racontent leurs vies osef).
Bref, ce Running Man (mon dieu) a beau ne pas être très malin, le concept du combat est en revanche, une fois de plus, intéressant. Ici, sachant qu’il court plus vite que Snake, il faudra utiliser des pièges pour le forcer à marcher dessus. Un autre boss, le fameux Hind-D, sera atteignable uniquement avec le Stinger (déjà là, lui !), qu’il faudra attaquer directement sur la mini-map car il vole trop haut ! Juste trop cool ce genre d’idée ! On aura aussi forcément un combat contre un Metal Gear version 2.0, bien que celui-ci ne semble pas très efficace et moins fiable que le premier modèle… Mais Sérieusement, il suffit de balancer des grenades dans ses jambes pour gagner, sans même avoir besoin de viser un ordre précis avec un explosif puissant. Le truc a juste une faille énorme de conception, qu’il s’écroulerait tout seul après deux kilomètres de marche j’en suis sûr. Mais attention, tremble le monde, car LE TERRIBLE METAL GEAR ARRIVE ! Hahaha, bon, après, je suis méchant : je suis vraiment content des combats de boss du jeu. Ils sont variés et vraiment cool, ce qui corrige l’un des défauts du premier opus.
Sinon, après avoir fini le jeu, j’ai bien sur continué mon petit rituel en obtenant le rang Big Boss, aussi bien dans le mode Boss Survival que durant la campagne. Là, pour le coup, le rang Big Boss dans le boss rush était vraiment plus ardu que dans le premier jeu (qui se terminait en 1 min 30, quand même), sans aucune ration, sauf pendant le dernier combat. C’est vraiment chaud. Rien que le premier boss est violent, et certains affrontements, comme les Four Horsemen (putain, leurs noms sont gratinés à eux-aussi), vont donner des sueurs froides. Combien de fois j’ai failli perdre contre le Metal Gear ou même Gray Fox car je n’avais plus assez de vie. Mais on y arrive au bout d’un moment, et malgré mes larmes de sel, c’était un chouette challenge.
Pour la campagne, le rang Big Boss est vraiment simple, notamment grâce aux sauvegardes infinies. J’ai dû finir le jeu en 1 h 10 sur une limite de 1 h 45, et le fait d’avoir une petite marge d’erreur sur les alertes et ennemis tués apporte beaucoup de confort. Donc pour l’instant, c’est un sans-faute !
Un jeu étonnant, tout simplement, qui fait évoluer la formule tout en gommant les défauts du premier opus. Fou d’avoir un jeu comme ça déjà sorti en 1990, si fondateur, et qui pourtant passera totalement inaperçu. Kojima a bien fait de reprendre toutes les idées de ce jeu pour en faire le Metal Gear Solid que tout le monde connaît, car tout était déjà là, au final. Un excellent jeu que j’ai adoré découvrir, et qui fait désormais partie de mes préférés de l’ère 8 bits… ou 16 bits… Je ne sais pas trop ce que c’est, la MSX, à vrai dire… Bon, un de mes vieux jeux préférés en 2D moche de l’époque, si vous préférez !
9/10
Dans mon Royaume de Britannia,
rares sont les jeux d'une si grande qualité !
Les jeux ayant cette note font partie des préférés du créateur
du site (on le surnomme le Gardien, entre nous au château haha...)
!
Moi, Lord British, j'ordonne qu'on conserve ce jeu au musée de
Britain, parmi les plus grandes reliques du pays !