Elden Ring : Shadow of the Erdtree (Extension)
Quand la difficulté justifie les moyens
Genre : JRPG / Année de sortie : 2024
Publié il y a 3 mois
Deux ans plus tard, il est temps de reprendre du service, de remettre le pied à l’étrier, sur mon mi-cheval/mi-bouquetin, pour découvrir les terres du royaume des ombres. Toujours aussi fascinant, toujours aussi brutal, toujours aussi magnifique, le royaume des ombres n’en est pas moins le prolongement naturel d’une aventure qui m’a déjà scotché quasiment 150 heures devant mon écran pour en voir le bout. Et voilà qu’on repart pour 40 heures de plus… Et franchement, je vous le demande, après Malenia, qu’est-ce que l’extension pourra faire pour marquer encore plus les esprits en termes de difficulté ?... Oui, pardon ? Tu dis qu’il y a un boss deux fois plus dur que cette pute putride dans cette extension ? Ok, là, tu m’intrigues…
Miquella, tu es où ?
Bon, déjà, la première étape pour moi qui joue sur PC, c'était de réinstaller le jeu et surtout de retrouver ma save. Jouissant d’une grande créativité pour trouver des noms à mes personnages, je devais avoir pas moins d’une dizaine de persos s’appelant Jill, mais ouf, le niveau étant indiqué, j’ai vite retrouvé la bonne, ma bonne vieille voleuse avec qui j’ai parcouru tout le jeu de base, avec un super build à base de différentes dagues, dont la dague de parade. Mais misère, j’avais fait une New Game + à peine entamée entre-temps, fait chier, aucune envie de rusher le jeu de base pour arriver à l’extension ! Mais ouf, j’avais eu la présence d’esprit à l’époque de faire une Back Up de ma save avant le New Game +, "au cas où", que j’ai un peu galéré à retrouver, planquée dans un dossier que j’avais nommé "Elden Cringe"… Mouais, je devais sûrement l’avoir créé après mon combat contre Malenia je pense ! Enfin, je retrouve mon ancienne partie, un petit coup de Cheat Engine non pas pour tricher, mais pour faire respawn les boss finaux afin de me refaire la main (un outil béni des dieux pour ça le Cheat Engine), un petit guide sur le net pour savoir où démarre l’extension (oui, ça reste toujours autant de la merde les quêtes dans l’extension), et me voilà parti enfin dans le royaume des ombres ! C’est quand même bien un délire les jeux From Software, quel merdier rien que pour arriver à l’extension, j’aurais été sur console, avec ma New Game +, j’étais bon pour me refarcir les boss principaux pour accéder au nouveau contenu. Breeeeef !
Mais tous ces petits efforts pour atteindre la terre promise valent bien le coup, car le royaume des ombres est un chef-d'œuvre de conception. Toutes les sous-zones sont brillamment interconnectées, le jeu renoue aussi grandement avec la verticalité, avec une pléthore de zones visibles de loin, de haut ou d’en bas, qu’on marque religieusement sur notre carte pour être sûr de ne pas les oublier, au cas où on aurait loupé l’accès. C’est génial, ça titille tellement sans cesse notre curiosité, qu’on a juste l’impression de revivre les meilleurs moments de Level Design de Dark Souls 1 (qui est leur plus grand jeu en la matière), mais en mode monde ouvert. J’ai adoré aussi un bon paquet de zones, on sent qu’ils sont passés maîtres dans l’art de nous offrir des panoramas à couper le souffle. C’était déjà le cas dans le jeu de base (on se souvient tous de l’arrivée dans la seconde zone, avec l’académie au loin dans la brume), mais plus que jamais ici, l’effet waouh lors de la découverte d’une nouvelle zone faisait son petit effet sur ma modeste personne. Arriver dans une plaine après un combat difficile contre un boss exigeant, et avoir juste après ce magnifique décor, avec à l’horizon plusieurs nouveaux points d’intérêt qui se dévoilent, qui sont tout autant des invitations à explorer. Rien de nouveau bien sûr, Zelda BOTW le faisait déjà et c’est ce qui rendait déjà cet open world incroyable, mais avec un tel sens de la mise en scène, c’est du jamais vu pour moi.
Par contre, j’ai eu néanmoins une petite déception avec certaines zones, qui étaient tout simplement bien trop vides. Trop de fois, je suis arrivé dans une zone magnifique, comme cité en haut, promettant des heures passionnantes d’exploration, pour au final boucler la zone en une petite demi-heure, tant c’est vide parfois. C’est dommage, car c’est souvent les plus belles zones qui souffrent de ce manque de contenu. Ce n’est pas le cas partout bien entendu, la dernière zone majeure du jeu par exemple, avec les ruines dans les hauteurs, est un pur bijou de level design et propose d’excellents challenges, mais ouais, trop souvent, on traverse de magnifiques zones, mais faut bien avouer, je me suis fait un peu chier parfois… J’ai en tête la zone avec les fleurs bleues par exemple, purée, à part bouffer des boss recyclés, notamment un de ces infâmes dragons que je ne peux plus supporter d’affronter tellement je frise l’indigestion BORDEL, c’est un peu triste parfois. Alors il y a bien ce concept avec le consommable unique à ce DLC qui apporte un nouveau système de leveling, poussant justement à explorer pour y dénicher des fragments, mais bon…
Après, je ne vais pas bouder mon plaisir non plus, bien que certaines zones soient peu intéressantes à explorer ludiquement parlant, je n’ai par contre pas été déçu par les donjons. On retrouve toujours les petits donjons, style grotte ou catacombes, bien qu’un peu lassants au niveau de leur design vu pour la plupart 100 fois déjà dans le jeu de base, leur conception et level design proposent suffisamment d’idées neuves pour bien s’y amuser (celui avec l’énorme statue envoyant des boulets de canon au milieu d’une pièce, ah ce truc de vicelard !). C’est surtout du côté des donjons legacy, et notamment les 4 châteaux majeurs qu’on va traverser, que j’ai retrouvé tout ce que j’aime le plus dans les jeux From Software. Si deux des châteaux sont assez courts et plutôt linéaires à explorer bien qu’intéressants, c’est surtout les deux autres, Belurat, et surtout, SURTOUT, le château noir, qui est tout simplement un des meilleurs donjons du studio, tout jeu confondu. Moi qui adore les lieux labyrinthiques, pleins de chemins qui partent dans tous les sens, remplis de secrets et de boss, je n’ai jamais été aussi copieusement servi. C’est simple, il n’y a pas moins de 6 zones connectées au château, dont la moitié sont plus ou moins secrètes, planquées derrière des chemins qu’il faudra trouver en explorant méthodiquement. Ce n’est aussi pas moins de 4 boss à affronter dans le château et ses alentours, avec le meilleur combat du DLC, voire du jeu, en affrontant le gardien des lieux, l’ultra charismatique Mesmer, renommé affectueusement Mesmerde chez moi. Bref, j’ai trouvé ce donjon incroyable, sûrement un des donjons les plus fascinants que j’ai pu explorer dans ma vie de joueur, tant j’ai été happé. Donc vous voyez, il y a des zones un peu vides dans l’extension, mais quand tu as des chefs-d'œuvre de level design à côté comme la château noir, ça va, ça permet de faire facilement passer la pilule on va dire.
Confusion entre difficulté et frustration, quand From Software loupe le coche
Sinon, côté boss, sans vraiment spoiler, c’est du très bon, et on retrouve la plupart du temps des adversaires de la même trempe que ceux du jeu de base, avec leurs qualités et défauts qui vont avec. C’est-à-dire des combats parfois géniaux, comme celui de Mesmer, incroyable, qui vient parfaitement conclure un donjon d’exception, ou encore un combat contre un certain dragon au sommet d’une montagne, épique, surtout avec le PNJ de quête à invoquer absolument ! Il y a aussi plusieurs autres boss vraiment géniaux à affronter, un peu dans la même veine, au design des plus variés. Puis il y a aussi les boss bien conçus, mais qui souffrent toujours d’une caméra dont je n’ai même plus le mot pour la décrire, tant je l’ai déjà insultée de tous les noms possibles durant mes sessions de jeu. Le parfait exemple étant le lion : des patterns excellents, on sent que le combat est top, mais putain, cette caméra qui ruine tellement tout quoi…
Puis après, il y a ceux qui en font un poil trop, comme Renalla, cette GROSSE PUTE, avec une phase 2 qui m’a violé comme jamais, et qui n’arrête jamais d’attaquer, à un point que c’est un poil too much. Mais encore, bien que difficile, ça va. C’est surtout le boss final du DLC qui, comme pour beaucoup, m'a paru aller beaucoup, mais alors beaucoup trop loin dans l’injustice, et la phrase « si tu perds, tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même » n’est pour la première fois dans un jeu From Software, pas vraie. Sachant le viol qui m’attendait en vue de la réputation du zigoto, j’ai voulu noter le temps de jeu qu’il m’a fallu pour le battre, et aussi le nombre de try. 9h40, et environ 260 essais… Oui, neuve putain d’heures de ma fucking life à boucler sur un boss. Je me considère pourtant comme un bon joueur, et j’ai conscience que mon gameplay orienté assassin RP uniquement à base de dague et dague de parade a fait que j’en ai bien chié (mais je voulais finir le dernier boss avec les parades et bonnes vieilles dagues, question d’honneur), mais même, hormis ça, j’ai rarement vu autant de bullshit, juste là pour être dur et si injuste, concentré dans un seul et même boss. Pas mal de ses attaques vont nécessiter un paquet de temps non pas pour maîtriser le pattern, mais juste pour comprendre comment l’esquiver correctement, ou au pire (trop souvent ici), trouver une stratégie pour ne prendre qu’une quantité de dégâts acceptable, tant certains de ses combos sont illisibles, et ne donnent aucune réelle indication sur comment bien les esquiver. On est sur l’attaque tourbillon de Malenia, mais en x4 là. Putain, son double coup rapide qui finit par une attaque croisée, quasi impossible à éviter intégralement, mais c’est quoi ce genre d’idées de game design de l’enfer ? Un boss dur juste pour être dur, quel que soit le prix, c’est le mot d’ordre avec ce boss final.
Alors bien sûr, j’étais ultra heureux une fois que j’ai vaincu cet enculé « à la loyale » (tellement que j’ai terrorisé ma pauvre copine qui dormait, à cause de mes cris intenses d’orgasme), mais est-ce que ça reste un bon combat réellement satisfaisant ? Bien non, et plus jamais je ne retoucherai à une telle merde de ma vie, et qu’on ne vienne pas me faire chier avec cette expression, « Git Gud », qui justifie tout et n’importe quoi. D’abord, je l’ai vaincu dans les règles, donc je suis immunisé contre cette expression de merde, mais même, si demain j’apprends qu’ils font une autre extension avec le même genre de boss, bien franchement, je ne sais pas si j’y jouerais honnêtement, ou alors j’utiliserais surement des outils pour m’aider, pour la première fois. Car même là, contre ce boss final, bien que je n’aie jamais une seule fois cédé à l’invocation ou à un build craqué, voire même à un bouclier, pour rester fidèle à mon délire RP d’assassin, jamais je n’ai autant compris ceux qui enculent le boss via une mimic et des armes lourdes + attaques sautées, ou encore via un bouclier craqué. Car oui, au final, je me demande qui est dans le faux parmi les deux types de joueurs : les gros joueurs comme moi, qui ne prends pas spécialement mon pied pendant 9h contre un boss volontairement débile pour nous bloquer, ou le gars qui abuse de certaines mécaniques, mais qui y a passé même pas 30 minutes, et qui en garde un meilleur souvenir. Bref, je conclus ma longue litanie sur ce boss final, mais je tenais à en parler, car c’est pour moi le plus gros problème avec cette extension, et on sent que les développeurs ont atteint en quelque sorte un plafond de verre, et qu’ils n’arrivent plus vraiment à trouver comment augmenter la difficulté sans tomber dans l’excès. Mais qu’ils arrêtent de la monter cette difficulté putain, Malenia c’était déjà très bien et suffisant, et je préfère mille fois des combats style Mesmer que cet affreux combat final.
Sinon, pour terminer mon tour d’horizon sur l’extension, il y a pas mal de nouveautés côté équipements (j’ai vu le chiffre de 300 nouvelles armes sur le web, de la folie), dont de nouvelles catégories d’armes. J’ai adoré ces nouveautés, et il y a forcément dans ces nouveaux types d’armes au moins une qui va nous plaire. Pour ma part, les dagues de lancer infini ne pouvaient pas être plus parfaites pour compléter mon build, permettant de gratter de la vie à distance. L’autre type d’arme qui s’est parfaitement intégré à mon build, c’est les lames-revers, que j’utilisais principalement en extérieur contre certaines mobs seulement, les réservant pour les ennemis à bouclier (via l’attaque spéciale qui les contourne), ou encore les gros ennemis blindés, principale bête noire de mon build à base de dagues. Il y a plein d’autres armes, et c’est sans parler des anciennes catégories qui croulent sous le nombre de nouvelles armes venant alimenter une base déjà conséquente, ils ne se sont clairement pas foutus de notre gueule. On à même une nouvelle « arme », permettant de combattre à mains nus, comme un moine de RPG, trop bien !
Une extension de haute volée, un beau cadeau pour prolonger encore un peu ce grand chef-d’œuvre de 2022. Une belle aventure et conclusion pour Elden Ring, avec son lot de boss et de zones mémorables, avant de passer à la suite. Quelques défauts toutefois, comme un boss final qui en fait trop, et certaines zones un peu vides, mais rien qui vienne ternir le fait que l’extension est d’une excellente qualité.
8/10
Un jeu formidable
qui m'inspire, j'en ai d'ailleurs écrit une chanson
épique que je chante parfois à la taverne de Jhelom
!
Bien que le créateur de ce site (qui semblerait
venir du même monde que l'Avatar d'après les
légendes) ne place pas ce jeu parmi ses plus grands
coups de cœur, il y a tout de même passé un
excellent moment !
Au passage, êtes-vous au courant que j'ouvre une
nouvelle boutique d'archeries à Buccaneer's Den, en
face des bains ?