Lords of Midnight
Lord of the Rings... Oups, Lord of Midnight, pardon, quel étourdi je fais !
Genre : Strategie / Année de sortie : 1984
Publié il y a 10 mois
Les jeux de stratégie continuent d’évoluer tranquillement en 1984, et même si on est encore très loin des exemples classiques d’aujourd’hui tels que Age of Empire et Warcraft, il est intéressant de voir à quoi ressemblaient les jeux du genre de l’époque. On était plus sûr de la grosse simulation de bataille gigantesque que réellement de la stratégie, avec d'énormes armées partout et des milliers de soldats pour faire joujou (une chose à compenser, je pense), comme avec Eastern Front ou encore The Ancient Art of War, dont le but était plus de vivre une guerre immersive plutôt que de réellement réussir à gagner, ce qui n'était que secondaire... Oui, ok, j’avoue, The Lord of Midnight m'a totalement lavé le cul et je n’ai jamais réussi à gagner… Voilà, c’est bon, t'es content là ?!
Car, comme le veut l’adage, ce n’est pas la destination qui compte, mais le voyage.
Mais sans rire, si vous suivez, comme moi, l’évolution du genre des jeux de stratégie, c’était clairement l’idée de vivre une grande bataille grandement immersive qui primait plus que tout autre dans ce genre de jeu. Si vous vous souvenez de ma critique écrite il y a deux ans sur Eastern Front (car bien sûr tu lis toutes mes critiques, n’est-ce pas ? non ?), le jeu était impossible à gagner face à une armée infinie de Russes, où le but était de tenir un maximum les lignes et de limiter au maximum la casse sur une année, afin d’avoir le plus gros score (toute ressemblance avec un conflit actuel est totalement possible) à la fin de la partie. Bien, le développeur de Lord of Midnight devait beaucoup aimer ce jeu, car c’est clairement le même cas ici, sauf que l'on transpose le tout dans un univers de fantasy, avec quelques spécificités. Et non, les spécificités ne concernent pas des elfes Russes en survet Adidas torché à la Vodka, moi aussi je suis déçu.
Déjà, le livret est très intéressant à lire avec sa petite nouvelle en plusieurs chapitres nous exposant les tenants et aboutissants de l’univers, pour encore plus faciliter notre immersion lors de l’arrivée de la bataille sur l’ordi. L’histoire du seigneur de Midnight se focalise sur deux personnages principaux, Luxor et son fils, Morkin. On y apprendra qu’il y a bien longtemps, Doomark et son armée de créatures très méchantes ont failli détruire le monde, mais ont été vaincus par une alliance des races gentilles. Le jeu prend place bien après, avec le retour de Doomdark, plus fort que jamais, qui tire son pouvoir de l’anneau… HUM, non, je voulais dire de la couronne de glace ! Le méchant enverra aussi Goll…. Putain non, le Skulkrin pour aller tuer Luxor et le déposséder de son anneau de pouvoir qui est un danger pour lui…. PFFFFF…. Du coup, le jeu a deux buts, faire une bataille désespérée avec un maximum de forces, ou alors avec Morkin, partir seul, cacher, rejoindre la montagne du destin pour aller détruire l’anneau…. Ah putain, je voulais dire la couronne de Glace, merde !
Bon, soyons sérieux, c’est totalement un putain de repompage du Seigneur des Anneaux, il y en a eu beaucoup des jeux et univers inspirés de ce grand classique, mais des jeux qui ont autant tout copié sans aucune peine, putain, je ne connaissais pas. Mais qu’importe, cela a au moins l’avantage d’immerger les joueurs facilement dans l’univers, tant celui-ci est familier. Puis merde, adapter le cadre du troisième livre (Le Retour du Roi) est une parfaite idée, avec d’un côté les armées guidées par Aragorn dans un combat désespéré, et d’un autre Frodon, quasi seul dans sa quête de sauver le monde. Ici, le développeur a eu l’excellente idée de retranscrire ce concept en nous laissant la possibilité de vaincre le jeu de deux manières différentes, soit en détruisant les armés ennemis, soit avec Morkin en mode solo pour aller choper la couronne. Les deux manières sont possibles durant une partie, et en louper une (genre Morkin se fait buter), ne condamne pas la partie, tant qu’il reste un moyen de gagner.
Un gameplay opaque et brouillon
Tout le déroulement du gameplay consistera donc à explorer au maximum l’immense carte qui sert de terrain de jeu, afin de recruter le plus grand nombre de seigneurs et de soldats pour l'effort de guerre. On commence à l'ouest de la carte avec 4 héros ; 3 peuvent recruter, en particulier Luxor avec son anneau magique qui peut rallier toutes les factions. Le dernier, Morkin, aura surtout pour but d'aller détruire la couronne de Glace en mode furtif, avec une possibilité de recrutement très infime. Le jeu est donc une véritable course contre la montre, avec l'armée de Sauron (ouais, je m'en fiche) qui est bien supérieure en nombre (143 000 ennemis, voilà, pour moi qui connais le jeu, c’est de la folie). Ils vont prendre des chemins plus ou moins aléatoires dans le but de descendre vers la capitale des forces du bien, tout au sud de la carte. À noter que beaucoup vont aussi traquer constamment Luxor à cause de l'anneau qu'il porte à son doigt, l'œil de Sauron, tout ça tout ça…
On voit donc grossièrement les ébauches de ce que deviendront les Heroes of Might and Magic bien plus tard, avec des héros qui sont les seuls à pouvoir se déplacer sur la carte avec la possibilité de recruter une armée. Cependant, la ressemblance s'arrête là, tant tous les aspects stratégiques du jeu laissent un peu dubitatif, surtout aujourd'hui. Car la partie combat, par exemple, est en total pilote automatique : il faudra laisser passer la journée pour connaître le résultat d'une bataille, sans trop comprendre ce qui influe sur notre chance de réussite. On a bien le moral et la fatigue, mais comme les deux baissent constamment pendant la partie, on ne peut pas faire grand-chose pour y remédier, à part rassasier un héros à un lac, mais comme c’est à usage unique…
Et c’est là tout le problème du jeu. Bien que le manuel soit chouette, on ne connaît aucune vraie mécanique profonde du jeu, et ça manque cruellement quand j’ai essayé de m'y investir. J'avais par exemple opté pour une stratégie basée sur le recrutement maximal de troupes (Morkin s'était fait butter par des loups dès le début de la partie, LOL) et tout mettre dans la capitale au sud pour un combat ultime. La bataille commence, ça a l'air d'aller, c'est épique, on se fait attaquer de toutes parts, j'ai des pertes, mais les jours passent et c’est engageant, ça tient tout de même bon. Et puis soudainement, en un jour, je perds quasiment les trois quarts de mes héros et de leurs armées… Ok, pourtant, il ne peut y avoir qu'une troupe ennemie qui attaque par tour… Le jour d'après, rebelote, quasi Game Over.
Et fait chier, j'avais passé des heures à jouer, à tout cartographier, à recruter un paquet de monde, j’avais quasiment nettoyé toute la carte dans les limites du possible car les armées de Sauron ont déjà une bonne partie du nord, j’avais tellement de héros que sur la fin je m'étais au moins trente putain de minutes à faire un tour tant j'avais de héros à bouger individuellement… Mais je me suis pourtant fait turbo enculé sans rien y comprendre… Décourageant non ? Et comme on ne sait rien des mécaniques, comme quelle est l'influence réelle des citadelles sur la défense de nos troupes, le nombre exact d'ennemis, ce qui se passe réellement au combat, bien c’est difficile de persévérer et d'y revenir. J’aurais bien voulu essayer d’autre tactiques, comme scinder mon armée en deux ou trois pas exemple, mais à quoi bon, si le jeu me donne aucun moyen de comprendre tout l’aspect stratégique. Et même avec les précieux liens que je vous donnerai en fin de critique, ça reste d’un flou ! Car au final, comme il n’y a pas de combat, toute la boucle de gameplay passe par l'exploration des plaines pour recruter des héros ; tu ne fais rien d'autre, ce qui est particulièrement redondant, surtout quand tu sais qu'ensuite, tu n'as aucune foutue idée de comment les combats vont se passer, couillon pour un jeu de stratégie ! Il y a bien quelques petites subtilités en plus des recrutements, comme les tours, donnant des indices sur comment finir le jeu avec Morkin, ou encore les objets à trouver dans les ruines (peu utiles, à part la Cup of Dream, qui redonne un tour gratuit), mais c’est à peu près tout.
De la difficulté à noter un jeu de cette époque
Un gameplay qui a terriblement vieilli, donc, et qui me questionne sur l’intérêt de mettre une note à cette relique, tant le jeu ne fonctionnait surtout que pour l’époque, en misant tout sur son aventure épique et immersive. Je reviens sur le fait de monter une gigantesque armée en explorant une grande carte, c’est quand même une très chouette idée qui permet un excellent roleplay, ce qui fera toute la force de ce titre plus que tout autre chose dans ce jeu. Il faut vraiment réussir à se remettre dans le contexte de l’époque, il y avait peu de jeux aussi immersifs, et avoir toute cette trame scénaristique épique, couplée à des graphismes à la première personne dans des vastes campagnes, ça a fait son petit effet dans les années 80. Car la vue se met à la place d’un des seigneurs qu’on peut diriger dans n’importe quelle direction, avec un système ingénieux pour l’époque, qui simule la profondeur et permet de voir de nombreux décors à l’avance qui se rapprochent, une grande avancée graphique pour l’époque, où on optait toujours à 100% pour une vue de haut avec les jeux de ce type en temps normal. Là, cette vue est profondément immersive, couplée avec des déplacements très réalistes dans le vaste monde qui sert de carte à ce jeu, ça fonctionne à merveille (pour l’époque j’entends), tant le plaisir de voir un château amical s’approcher petit à petit (tandis qu’on a une armée à nos trousses) fonctionne.
C’est vraiment sur ce point qu’il faut comprendre pourquoi ce jeu a pu tant marquer les esprits, l’immersion. Car quand on regarde les commentaires actuels sur ce jeu, je n’ai pas compté les nombres de joueurs nostalgiques citant par exemple leurs souvenirs des parties partagées avec leurs pères. Certains (la trèèèèès grande majorité) n’ont jamais vaincu le jeu, mais qu’importe, tant ils ont pris un grand plaisir à explorer le monde gigantesque, à cartographier et à se plonger et s’immerger dans une gigantesque guerre, en vivant à chaque fois une aventure unique. Certains, à force de passer des centaines d’heures, ont même réussi à vaincre le jeu via la méthode de la guerre, en persévérant comme des dingues à tout cartographier et en analysant comme des acharnés toutes les mécaniques du jeu pour les exploiter et réussir à le vaincre par la guerre. Pourtant, de l’aveu du développeur, cette fin devait être impossible (il ne l’a pas réussi lui-même) tant elle était plutôt un prétexte pour occuper les forces armées durant l’ascension de Morkin. Bordel, cette époque où même le développeur n’arrivait pas à finir l'une des fins de leurs propres jeux qu’ils sortaient, ça me fume !
C’est donc ça, Lord of Midnight, un pur produit de son époque, qui a marqué les esprits non pas pour sa finesse tactique, mais pour son aventure gigantesque, épique et immersive. C’est donc un jeu difficile à juger pour moi, et encore plus à lui accorder une note, tant cette logique est mise à mal ici. Car si je fais comme à mon habitude, en jugeant juste le plaisir de jeu tout en se mettant dans le contexte, faut le dire, le jeu n’a aucun intérêt d’être joué aujourd’hui, tant tout est long, chiant, et surtout sans la moindre explication sur ses mécaniques tactiques. C’est surtout un jeu qui a été culte en son temps, qui a surtout servi d’inspiration à certains développeurs pour les futurs jeux de stratégies, car si on creuse un peu, on y trouve quelques origines, comme les héros qui sont les seuls à se déplacer sur la carte, ou encore le système d’unité à recruter, bien que rudimentaire car à usage unique, il reste néanmoins le premier à véritablement instaurer ce système.
Bref, si aujourd’hui malgré mes avertissements, vous voulez vous jeter à l’aventure, sachez qu’il existe une version refaite pour les Windows récents, qui se joue parfaitement bien, profitant même de quelques améliorations de confort de jeu (raccourcis, utilisation de la souris, possibilité de grouper les personnages, backup des sauvegardes), je vous donne le lien ICI. Cette version est parfaite pour tester cette relique, surtout qu’elle existe aussi sur Android ! Donc, si vous avez 50 ans et que vous voulez redécouvrir ce jeu de votre enfance directement sur les chiottes, dites-vous que votre rêve de gosse vient d’être réalisé !
Pour des liens supplémentaires dans le cas ou vous êtes chaud pour faire le jeu, voici ceux qui m'ont bien été utile :
- ICI pour la nouvelle du jeu !
- ICI pour une super map du jeu !
- ICI pour un site de passionné qui regorges d'info sur le jeu (dont une manière apparament de finir le jeu sans perdre un héros, perso j'avais pas le courage d'essayé) !
- ICI pour quelques informations intéressante pour débuter sur le jeu !
Une relique, qui comme tout jeu de stratégie de cette époque, fait partie des jeux les plus difficiles à rétro-tester (oui je viens de l’inventer), tant leurs mécaniques archaïques et assez peu stratégiques (faut le reconnaître) les rendent difficiles à appréhender pour un joueur moderne. Je ne pourrais le recommander, tant le gameplay est laborieux et sans aucun véritable intérêt aujourd’hui. Je ne détruirais néanmoins pas la note, car comme pour un Karateka sorti la même année, malgré un gameplay plus que limité, ses innovations techniques et tout de même nouvelles idées apporté au média, serviront de base pour continuer à faire évoluer le merveilleux genre des jeux de stratégie. Bref, n’y jouez pas, regardez plutôt un let's play, vous gagnerai du temps !
6/10
Oh bah peut-être bien
que le grand maître de
ce site m'a demandé de
commenter ce jeu.
Il m'a même dit que, ben
qu'il m'a choisi, car le
jeu est un peu comme
moi, avec un beau fond
et de vraies qualités,
mais des défauts gênants
qui l'empêchent de vraiment
briller.
À vrai dire, je n'ai pas
tout bien compris. Le
maître voulait-il dire
que je suis un bon gars
mais que je suis moche ?
Ah bah non, c'est faux
hein, puis d'abord pour
le prouver, je vais
essayer de rentrer dans
Fawn, la ville de la
beauté qu'ils disent !