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SKORN OF BANANA



Frostpunk

Les climatosceptiques

Genre : Strategie / Année de sortie : 2018

Publié il y a un mois


Un grand cru du jeu de gestion que j’ai rejoué il y a peu. À l’époque, je l'avais découvert vers sa sortie alors qu’il ne possédait qu’un seul chapitre, tandis que nous avons désormais droit à une véritable campagne, où chaque mission nous demandera des trésors d’adaptation pour en voir le bout. C’est donc avec un grand plaisir que j’ai parcouru cette fois-ci l’intégralité de l’expérience Frostpunk, et malgré toutes les souffrances pour en venir à bout, l’expérience est toujours aussi fascinante, dans un jeu qui n’a pas pris une ride !

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Un jeu de gestion impitoyable

Car c’est surtout cela dont je me rappelais dans mes premières parties il y a quelques années : un jeu vidéo sans pitié, qui, même en difficulté normale, te met en CONSTANTE PLS. Un jeu avec une pression qui ne retombe jamais, où l'on est toujours dans la merde jusqu’au cou, et où il est impossible d’atteindre une « situation confortable ». J’adore ça, car j’aime la difficulté surtout quand ça part à fond comme ça. Pourtant, j’ai dû ravaler un peu ma fierté de gamer. Eh oui, je fais toujours mes jeux en difficile dès le début, sans exception… Mais faut croire que là, l’exception s’appelle Frostpunk. Le mode difficile est vraiment hardcore (et ce n’est même pas le plus compliqué, PUTAIN, il y a encore une difficulté au-dessus), et le jeu m’a tellement retourné que j’ai dû humblement retourner ma veste et refaire la mission principale en normal, le temps de me réhabituer à la température.

Une ville sur la fin d'une partie... Oui oui, la température est bien indiqué en Celsius!

Et comme dit dans l’intro, le jeu n’a pas pris une ride, en partie grâce à cette gestion du rythme aussi précise qu’une horloge suisse. Comme mentionné plus haut, on ne souffle jamais, on garde toujours la tête sous l’eau, on sort d’une merde pour aussitôt sauter à pieds joints dans un autre encore plus énorme. Ce rythme soutenu fait qu’à aucun moment, on ne relâche notre attention, le jeu ne connaît pas de baisse d'intensité, et il y a tellement de choses à gérer en même temps que l’ennui n’a pas sa place. Je ne vous refais pas le topo du jeu : une tempête glaciale approche, et avec la température qui baisse de plus en plus, il faudra réussir à gérer le réacteur sur lequel repose notre survie, les ressources, autant pour le réacteur que pour nourrir les hommes (et bon dieu qu’ils ont faim, les réserves étant constamment à sec !), ainsi que l’aspect social, qui avait fait sensation en 2018.Même si, à force de jouer, on se rend compte que certains choix « drastiques » n’ont pas tant d’impact au final, à part une petite pénalité temporaire sur une jauge de mécontentement, toute cette gestion morale reste toutefois des plus grisantes. Ce n’est pas tous les jours qu’un jeu nous propose d’imposer une dictature au nom de la survie du peuple (pour le coup, c'est vrai ici), et de devenir, au choix, à la tête d’un mouvement totalitaire avec une forte répression, ou alors de monter de toutes pièces un mouvement religieux, les zélotes s’occupant de répandre la bonne parole… À leur manière. Dans tous les cas, cela est nécessaire pour progresser, et c’est surtout trop jouissif, PUTAIN !

Bref, tout ça pour dire que je n’ai jamais connu un jeu de gestion aussi addictif, aussi prenant, et qui ne s’essouffle jamais. En partie aussi grâce au fait que le jeu a une fin assez rapide : il faut survivre un certain nombre de jours, et une fois le dernier objectif accompli (ou plutôt, avoir survécu à la dernière épreuve), le jeu s’arrête. Je trouve que c’est un excellent point, là où mes autres jeux de gestion, aussi bons soient-ils, finissent toujours par me tomber des mains en cours de route, me laissant pour le coup un sentiment d’inachevé. Ce n’est pas le cas ici. L’aspect très scénarisé, s’il a le défaut d’apporter moins de rejouabilité, a au moins le mérite de nous entraîner dans une vraie aventure, avec un rythme qui peut être maîtrisé à la perfection. Surtout avec la fin de la première mission, sous la tempête de neige, résolument épique, tellement on s’y croirait. Car l’immersion, c’est aussi l’une des autres qualités du jeu qui m’a charmé, que ce soit cette ambiance hivernale de plus en plus glaçante, ou encore ces petits détails visuels et sonores : le bruit des travailleurs dans les mines, rapprocher la caméra des rues le soir pour y entendre (si on l’a choisi) les chants religieux, ou encore les musiques d’une profonde mélancolie… Le jeu en tire une ambiance tout à fait unique, qui lui donne un charme fou.

C'est un peu le même poison les deux, on va pas se mentir

Les enfers, round 2

Le temps de regarder le magnifique time-lapse venant conclure notre aventure, qui montre habilement tout le chemin parcouru, que l’aventure est déjà finie… C’est ce que j’aurais dit en 2018, mais pas maintenant ! Après avoir terminé le jeu de base en normal à nouveau, il était plus que temps de résoudre cette affaire d’orgueil. Bah oui, maintenant que j’ai les bases, je vais pouvoir enfin prouver au jeu que je suis capable de le réussir en difficile, chose que je n’avais pas faite à l’époque ! Alors, je suis reparti sur la même mission, ignorant pour le moment l’appel des autres aventures. J’avais encore des comptes à régler… Et même si l’expérience acquise m’a permis, après avoir terminé le jeu, de voir le bout en mode difficile, que ce fut hardcore, nom de diou ! Tous nos acquis sont mis à contribution, et même en connaissant les événements à l’avance, ça reste éprouvant. Bref, j’ai adoré, que ce soit en normal ou en difficile, par contre, je n’ai pas poussé le vice jusqu’à tenter la difficulté maximale, faut avouer que j’ai eu un peu la flemme.

Ce mode extrême, car tel est son nom, est encore plus dur, et le problème, c’est qu’on perd toute tolérance à l’erreur. Là où, même en difficile, j’ai réussi à m’en sortir avec des stratégies assez mal optimisées, j’en ai chié comme jamais, mais je m’en sortais, rendant pour le coup mes parties mémorables et passionnante. Tandis que le mode extrême, c’est simplement du par cœur : si tu n’as pas LA BONNE stratégie dès le début, c’est quasi impossible de t’en sortir. Et c’est dommage, car pouvoir s’adapter et rattraper ses erreurs en cours de route, même si le seuil de tolérance est assez bas comme en difficile, c’est justement ce qui fait tout le sel du jeu, réussir à constamment s’adapter dans la douleur, sans être non plus bêtement punitif. Après bien sûr, j’ai fait aussi les autres missions, que je ne connaissais pas cette fois, et directement en difficile. Et quelle violence à chaque fois, les nouvelles missions étant autant de nouveaux défis, nous empêchant de rester dans notre zone de confort, faisant que le jeu se renouvelle sans cesse ! J’ai adoré pour sur, mais jamais dans un jeu vidéo, voire même dans une activité ludique tout court, jamais je n’en suis ressorti avec un tel mal de crâne. L’extrême difficulté qui te pousse à une si intense concentration, combinée à mon manque de sommeil à cause de ce foutu jeu addictif, me provoquait carrément des migraines parfois le lendemain. Mais ça valait clairement le coup !

L'extension du Dernier Automne, clairement la plus original !

Si le jeu profite d’une mission de base très solide qui pourrait se suffire à elle-même, toutes les autres sont toutefois intéressantes et approfondissent différents aspects du jeu. Elles nous plongent dans de nouvelles situations, comme le scénario des Arches, où la tempête glaciale se fait plus clémente, mais il faut cette fois protéger, si possible, trois bâtiments clés, et tout cela avec très peu de main-d’œuvre humaine, nous forçant à jouer à fond sur l’aspect robotique. Une autre mission nous fera évoluer dans une ville dévastée, et encore une autre nous mettra face à un afflux quasi infini de civils à sauver. Là où il nous manquait toujours de main-d’œuvre dans le scénario de base, ici, loger et nourrir tout le monde sera un véritable défi. Le scénario annexe le plus impressionnant reste "Le Dernier Automne", qui a presque des allures de stand-alone, tant l’expérience est renouvelée. L’histoire se déroulant avant les autres scénarios, le jeu se passe dans un climat bien plus doux et habituel (pas de neige au début), avec une flopée de mécaniques uniques, comme une nouvelle jauge de motivation, la gestion de nouveaux bâtiments comme les bateaux, ou encore le générateur qu’il faut construire, rien que ça ! Le seul truc un peu dommage avec tous ces scénarios, c’est qu’il n’est pas rare que nous ayons un objectif secondaire final à accomplir, souvent bien trop dur pour être réalisé du premier coup tant il faut le connaître à l’avance pour pouvoir l’atteindre (c’est souvent bien hard), et que finalement, qu’il soit accompli ou non, cela ne change pas grand-chose à la fin.


Frostpunk reste et restera pour moi un des jeux de gestion les plus intenses auxquels j’ai pu jouer. J’adore cet aspect scénarisé avec un but bien défini, cette tension permanente, et ses mécaniques tout simplement parfaitement rodées. Les nombreux scénarios livrés au fil du temps exploitent à merveille les différentes mécaniques du jeu, tout en en apportant de nouvelles.

8/10

visage du gardien de Ultima 7

Un jeu formidable qui m'inspire, j'en ai d'ailleurs écrit une chanson épique que je chante parfois à la taverne de Jhelom !
Bien que le créateur de ce site (qui semblerait venir du même monde que l'Avatar d'après les légendes) ne place pas ce jeu parmi ses plus grands coups de cœur, il y a tout de même passé un excellent moment !
Au passage, êtes-vous au courant que j'ouvre une nouvelle boutique d'archeries à Buccaneer's Den, en face des bains ?